Parfums d'intérieur : les dangers et comment assainir naturellement l'air
- nettoyage à domicile
- 27 juin
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 28 juin
Les parfums d'intérieur occupent une place importante dans nos foyers. Bougies parfumées, sprays, diffuseurs : ces produits créent une ambiance chaleureuse et apportent une sensation de propreté. Mais derrière ces fragrances agréables, se cachent parfois des substances chimiques susceptibles d'affecter notre santé.
Comprendre l'impact réel des parfums d'intérieur et apprendre à assainir l'air de manière naturelle sont des enjeux essentiels pour un environnement domestique sain.
Le parfum d'intérieur : un marché florissant mais mal encadré
Depuis les années 1990, le marché des parfums d'ambiance connaît une croissance spectaculaire. Selon l'Agence de Protection de l'Environnement des États-Unis (EPA), les Américains consacrent chaque année plusieurs milliards de dollars à ces produits.
En Europe, une étude du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) souligne que les réglementations sur les substances émises par les parfums d'intérieur restent lacunaires et que la transparence des fabricants est souvent insuffisante.
Les composés organiques volatils (COV) : les ennemis invisibles
La majorité des parfums d'intérieur contiennent des composés organiques volatils (COV) qui se dispersent rapidement dans l'air. Parmi eux :
Le benzène, classé cancérogène par l'OMS.
Le formaldéhyde, reconnu irritant et potentiellement cancérogène.
Le toluène et le limonène, susceptibles de former des particules secondaires lorsqu'ils réagissent avec l'ozone.
Des études françaises menées par l'OQAI (Observatoire de la Qualité de l'Air Intérieur) ont mesuré des concentrations de COV bien supérieures à celles recommandées, notamment après utilisation de bougies parfumées et d'aérosols.
Les risques pour la santé : ce que disent les scientifiques
L'inhalation répétée de COV peut entraîner des troubles variés :
Irritations des voies respiratoires.
Maux de tête et vertiges.
Asthme ou aggravation des symptômes chez les personnes sensibles.
Une étude américaine (Steinemann et al., 2016) montre que 34 % des personnes interrogées déclarent ressentir des effets négatifs après exposition à des parfums d’intérieur.
Les enfants, les femmes enceintes et les personnes asthmatiques sont considérés comme des populations à risque.
L'effet écologique des parfums d'intérieur
Au-delà des risques pour la santé, l'impact environnemental des parfums d’intérieur est réel. Des travaux réalisés à l’Université de York (Carslaw, 2013) mettent en évidence la contribution des produits parfumés aux pics de pollution de l'air intérieur et à la formation d'ozone troposphérique.
Les sprays et bougies libèrent des particules fines et des substances persistantes, qui s’accumulent dans l’environnement domestique.
Les fausses solutions : quand l'odeur cache la pollution
Les parfums d’intérieur ne nettoient pas l'air, ils masquent les odeurs. Une étude de la National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH) rappelle que l’effet olfactif peut créer une illusion de propreté tout en augmentant la charge chimique de l’air.
Les purificateurs d'air parfumés et les sprays désodorisants ne sont pas des solutions efficaces. Ils participent souvent à la dispersion supplémentaire de COV.
Assainir l'air naturellement : les gestes simples et efficaces
L'assainissement de l'air intérieur commence par des gestes essentiels :
Aérer chaque jour au moins 10 minutes, même en hiver.
Limiter les sources de pollution (bougies parfumées, encens, aérosols).
Préférer des nettoyants sans parfum ou à base de micro-organismes.
L'Institut Pasteur confirme que l’aération reste la meilleure solution pour réduire les concentrations de polluants domestiques.
Les solutions naturelles pour parfumer sainement la maison
Plutôt que de masquer les odeurs avec des produits chimiques, il existe des alternatives naturelles et saines :
Les bouquets de plantes aromatiques
Les bouquets de thym, de romarin ou de lavande séchés diffusent des arômes légers sans polluer l'air.
Des recherches coréennes (Kim et al., 2011) ont même montré que certaines huiles essentielles de plantes pouvaient avoir une légère action antibactérienne sur l'air ambiant.
Les diffuseurs d'huiles essentielles : prudence et mesure
Les diffuseurs à froid d'huiles essentielles peuvent être utilisés ponctuellement. Il est cependant essentiel de choisir des huiles pures, de limiter la durée de diffusion et d'éviter l’exposition des jeunes enfants, femmes enceintes et animaux.
Une étude française (Romain et al., 2016) souligne que la diffusion excessive peut aussi émettre des COV secondaires et saturer l’air en terpènes.
Les agrumes et les clous de girofle
Une orange piquée de clous de girofle ou des écorces d'agrumes séchées offrent un parfum léger et durable sans risque pour la qualité de l'air.
Les nettoyants à base de micro-organismes
Les produits d’entretien enrichis en micro-organismes nettoient les surfaces tout en respectant l’équilibre microbien de la maison. Des travaux autrichiens (Mahnert et al., 2021) ont montré que ces nettoyants probiotiques réduisent la présence de pathogènes sans altérer la diversité microbienne.
Les plantes d'intérieur : mythe ou réalité ?
Longtemps vantées pour leurs vertus dépolluantes, les plantes d'intérieur ont un rôle plus limité qu'on ne le pensait.
Une étude de la NASA dans les années 1980 a popularisé cette idée, mais des recherches plus récentes (Waring, 2019) montrent que leur effet dépolluant reste marginal dans des conditions réelles.
Pour autant, les plantes apportent un confort psychologique, une humidification naturelle et contribuent à la beauté de l'espace de vie.
Les matériaux et les habitudes de nettoyage : une source à surveiller
Les matériaux de construction, les peintures et les meubles en aggloméré émettent eux aussi des COV. Il est donc utile de :
Choisir des matériaux à faibles émissions (labels A+, Greenguard).
Utiliser des peintures naturelles ou à base aqueuse.
Éviter les nettoyants parfumés agressifs.
L'Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES) recommande de limiter l'accumulation des sources de polluants pour maintenir un air de qualité.
Quand faut-il s'inquiéter de la qualité de l'air intérieur ?
Des symptômes comme des migraines répétées, une irritation des yeux ou des problèmes respiratoires inexpliqués peuvent être des signaux d'alerte.
Dans ce cas, il est possible de réaliser des mesures de la qualité de l'air grâce à des capteurs spécifiques ou de faire appel à des professionnels de la dépollution intérieure.
Conclusion : Une maison saine se sent, mais ne se parfume pas
Les parfums d'intérieur, aussi agréables soient-ils, ne doivent pas masquer l'essentiel : la qualité de l'air. Ce n'est pas l'odeur d'un lieu qui garantit sa salubrité, mais la pureté de son atmosphère.
Privilégier l'aération, limiter les sources de pollution et adopter des solutions naturelles permettent de créer un environnement sain et durable, sans compromettre ni notre santé ni celle de notre maison.
Références
Environmental Protection Agency (EPA). (2020). Indoor Air Quality.
Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB). (2017). Air intérieur et COV.
Observatoire de la Qualité de l'Air Intérieur (OQAI). Campagnes nationales de mesure.
Steinemann, A. et al. (2016). Fragranced consumer products: Exposures and effects from emissions. Air Quality, Atmosphere & Health.
Carslaw, N. (2013). The chemistry of indoor air: Sources and reactions. Environmental Chemistry.
National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH). (2018). Workplace Exposure to Volatile Organic Compounds.
Institut Pasteur. Pollution domestique et hygiène.
Kim, S. Y. et al. (2011). Antimicrobial effects of essential oils on indoor air quality. Journal of Korean Medical Science.
Romain, A. et al. (2016). Chemical emissions from essential oils during room diffusion. Indoor Air.
Mahnert, A. et al. (2021). Microbial biocontrol in indoor environments. Scientific Reports.
Waring, M. S. (2019). Minimal effects of indoor plants on indoor air quality. Journal of Exposure Science & Environmental Epidemiology.
Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES). (2018). Qualité de l'air intérieur et substances chimiques.



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